EYBA ••• ⊹ crystal case

En cette belle journée, toujours aussi froide que les autres, notre cuisinière avait décidé de s’octroyer une balade dans les sentiers de neige qui bordaient les alentours de la ville. C’était son jour de son congé, elle pouvait bien en profiter ! Evidemment, elle était en compagnie de Fang et ce dernier se faisait également une joie de cette petite balade. Après tout c’était ce qu’il préférait le plus : pouvoir flâner dans les sentiers enneigés et se défouler dans la neige. Un vrai gosse un somme, bien différent de quand il se trouve dans un magasin par exemple.

Son sac à dos sur les épaules, où se trouvait quelques gâteaux pour une future pause goûte -ben oui, elle n’allait certainement pas se promener sans avoir de la nourriture sous le bras, ce serait une grave !-, Eyba marchait tranquillement, ses bottes s’enfonçant de quelques centimètres dans la couche de neige toujours aussi épaisse. A quelques mètres devant elle, Fang s’amusait à bondir pour avancer, laissant échapper quelques jappements lorsque son poids s’affaissait dans la neige.

« - C’est trop mignooon, j’ai l’impression de te revoir quand tu étais gosse s’extasia la jeune femme. »

Le loup noir se retourna, la langue pendante, amusé par cette situation.

« - Néanmoins t’es beaucoup moins mignon qu’avant, ça gâche tout. Regarde un peu toute la bave qui coule de tes babines, c’est dégueulasse ! »

Changement d’habitude, les traits de son meilleur ami devinrent plus durs et il montra ses crocs en lâchant un grognement. Oh, monsieur était vexé, quel dommage ! Un sourire provocant sur les lèvres, la jeune femme aux cheveux croisa les bras et haussa un sourcil, montrant qu’elle n’avait pas du tout peur de la menace de sa moitié.

« - Mince, j’ai heurté ta sensibilité de petit loup fragile ? Désolée mon gros mais c’est la vie, t’es devenu tout ridé. »

Elle aimait bien le taquiner de temps en temps, et il lui rendait toujours bien. La preuve : il lui fonçait dessus, dans le seul but de la mettre au sol et de lui faire ravaler ses paroles. Sans plus attendre, Eyba prit ses jambes à son cou en éclatant de rire, zigzaguant entre les quelques arbres qu’elle rencontrait sur son passage. Elle sentait la colère mais également l’amusement provenir de Fang, sachant pertinemment qu’il n’était pas du tout blessé au fond de lui. En ce qui les concernait, le dicton « qui aime bien châtie bien » était plus que véridique.

Son champ de vision s’élargit lorsqu’elle quitta la zone un peu boisé et se retrouva devant une étendue de neige qui s’étendait sur une grande surface. Et au milieu de ce paysage se trouvait un grand cheval noir qui galopait et sautait. Etonnée, Eyba freina sa course et observa l’animal. Il était vraiment beau, mêlant puissance et grâce dans ces mouvements. Que faisait-il là ? C’était la première fois qu’elle croisait un cheval pareil ici. Il y avait bien les chevaux puissants, aux énormes sabots et plus trapus qui se trouvaient dans une ferme non loin d’ici mais le cheval qu’elle avait sous les yeux étaient beaucoup plus fins. Il paraissait fragile au milieu de ce paysage qui n’était sans doute pas le sien.

Plongée dans ces pensées, elle ne remarqua pas que Fang s’était nettement rapproché d’elle et ainsi, elle fut totalement surprise lorsque le loup lui rentra en plein dedans, la faisant tomber à l’avant en lâchant un petit cri.

« - Fang ! lança-t-elle, agacée par son arrivée trop brusque

- Bien fait pour toi répliqua l’intéressé qui se redressa en foutant la neige à l’aide de sa queue, lui envoyant une bonne couche sur le visage. »

La jeune femme agita ses mains sur son visage en crachant la neige qui lui était rentré dans la bouche. L’animal pouffa avant de porter son attention sur le cheval, qu’il avait remarqué grâce aux pensées de son amie. Il ne devrait pas être ici, en effet. C’était vraiment étrange mais après, qu’est-ce qui ne l’était pas dans ce monde ?

C’est donc sans se poser plus de questions qu’il vint à la rencontrer de l’animal qui le dépassait de quelques têtes. Quoique, ce n’était peut-être pas une bonne idée : il allait peut-être le prendre comme une menace. Après tout, c’était un loup, un chasseur. Il n’avait vraiment pas l’habitude de rencontrer des animaux sauvages. A moins que ce dernier soit ce que l’on appelle un hybride ? Il n’en avait jamais rencontré non plus.

L’animal ne semblait pas effrayé de la présence de la jeune femme et de son familier. Mieux encontre, il semblait chercher le contact. Lorsqu’elle s’approcha de lui, observant son pelage d’un peu plus près, l’étalon baisse légèrement la tête, signe qu’elle pouvait le caresser sans danger. Enfin c’est ce qu’elle comprenait. De ce fait, elle glissa sa main sur son encolure, caressant sa crinière avant de venir gratter son poil plus fin. C’était vraiment doux comme contact et un peu différent des autres chevaux qu’elle avait pu toucher. Ils avaient le poil un peu plus rugueux et poussiéreux alors que lui on aurait dit qu’il ne s’était jamais roulé dans la boue ou dans la terre une seule fois. C’était vraiment agréable et la jeune femme se surpris à sourire.

Fang s’était assit et contentait d’observer sa moitié découvrir l’animal. Contrairement à ce qu’il avait pu imaginer, ce dernier n’avait pas fuit en le voyant et c’était tant mieux. Mis à part qu’il n’appréciait pas trop  qu’Eyba puisse caresser un autre animal que lui. C’est vrai quoi, il avait un pelage magnifique et super doux, si elle voulait se faire plaisir avec un contact pareil elle pouvait très bien tendre la main vers lui. Il savait pertinemment qu’elle entendait tout ça puisqu’elle lui disait mentalement d’arrêter de faire son jaloux mais il s’en fichait. C’était plus fort que lui.

« - C’est marrant de te trouver ici expliqua la jeune femme aux cheveux roses à l’adresse du cheval. Tu t’es perdu ? D’où viens-tu ? »

Elle savait bien qu’elle parlait dans le vide mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. C’est comme lorsqu’elle rencontrait une biche durant ses balades en forêt, il fallait qu’elle lui parle. Enfin, parler dans le vide, ce n’était pas totalement vrai. D’une certaine façon, selon elle, les animaux pouvaient comprendre ce que l’on disait. Dans notre attitude comme dans nos paroles, c’est pourquoi elle essayait toujours de dialoguer avec les animaux qu’elle croisait.

« - Tu es vraiment un beau cheval continua-t-elle en caressant ce qu’elle qualifierait comme son dos. »

Et c’est là qu’une idée des plus farfelues lui traversa l’esprit. Ce cheval ne semblait pas sauvage, du moins il n’avait pas peur des présences étrangères, alors pourquoi ne pas pousser leur rencontre un peu plus loin et tenter de le monter ? Elle était montée une seule sur un cheval lorsqu’elle était enfant. Cela avait été très fastidieux, ses parents avaient dû l’aider tellement l’équidé était grand mais cette fois-ci, la taille ne semblait pas insurmontable.

« - Dis mon gros, tu crois que tu pourrais m’emmener faire un tour sur ton dos ? »

Là, tout allait jouer sur la capacité de l’animal à la comprendre. Elle n’allait tout de même pas essayer de lui grimper dessus sans qu’il ne voit rien venir. Hors de question de le brusquer.

Fang, quant à lui, sentait que tout ça allait bien l'ennuyer. Néanmoins, il se contenta de rester assis, surveillant les réactions de l'animal et les alentours. Après tout, la jeune cuisinière n'était pas à l'abris d'un coup de sabot, même si sa future monture semblait des plus amicale.

Spoiler:

A l’entende de sa question, l’étalon se coucha, pliant ses longues jambes et laissa son flan mettre son empreinte dans la neige. Aucun doute, il avait bien compris ce qu’Eyba lui avait demandé. D’ailleurs, cette capacité de compréhension étonnait la jeune femme. On lui avait dit que les chevaux étaient des animaux intelligents mais à ce point, elle n’aurait jamais cru.

Jetant un coup d’œil à Fang, elle remarqua que ce dernier n’avait pas bougé et restait sagement assit, visiblement concentré. Elle sentait tout de même que cette situation ne lui plaisir guère. Peut-être que lui aussi avait envie de faire un tour à dos de cheval mais malheureusement pour lui, il n’avait pas la bonne morphologie.

« - Je me fiche de ton tour de manège répliqua-t-il, impassible pour une fois. »

La jeune cuisinière se contenta d’hausser les épaules à sa réplique, se disant que ça lui passerait, comme à chaque fois qu’il faisait sa petite crise de jalousie. Et sans prêter plus d’attention à son ami parce qu’il lui tardait de débuter l’activité qui se profilait devant elle, elle reporta son attention sur l’équidé et entreprit de le monter. Mesurant chacun de ses mouvements, la tâche ne fut pas des plus faciles. Elle ne voulait pas blesser l’animal avec un mouvement brusque, sans oublier qu’elle portait de grosses bottes, un atout non négligeable pour la température qu’il faisait.

Finalement, au bout de plusieurs longues secondes de labeur, elle s’était enfin positionné correctement sur le dos du cheval noir, pas très à l’aise pour autant. Le pire ce fut quand l’animal se redressa, s’éloignant de plusieurs centimètres du sol et là, la jeune femme se sentit tanguer légèrement. Elle n’avait jamais été très à l’aise en hauteur, ou dû moins lorsqu’il n’y avait rien pou l’empêcher de tomber. Or là, elle seule pouvait la sauver d’une potentielle chute vu que tout ce qui la tenait à l’étalon était ses mains accrochées à l’encolure. Elle évitait tout de même de trop serrer sa poigne de peur de faire mal à sa monture. Ce dernier ne semblait pas craindre la situation. Il s’était peut-être déjà fait monté ou alors il arrive à s’adapter très rapidement aux situations nouvelles. Quelle chance il avait si c’était le cas !

« - Je te laisse me guider murmura-t-elle, plus pour elle que pour lui. »

Ce qui était assez bête sachant que l’on ne se disait pas ce genre de choses à soi-même mais qu’importe.

Le cheval commença en douceur avec une petite marche, s’éloignant petit-à-petit de l’endroit de leur rencontre avant d’accélérer et d’entamer le trot. Eyba sentait le vent fouetter son visage, le tout accompagné par le froid significatif de la région mais ça, elle avait l’habitude, ça ne lui faisait presque rien. Devant elle l’étendue de neige semblait ne pas avoir de fin tant elle était grande et bien que la vitesse de l’animal augmentait de secondes en secondes, les arbres lui paraissaient bien loin.

Cette sensation de vitesse était très agréable, elle avait l’impression de voler, comme si rien ne pouvait l’arrêter. Un sourire idiot se dessina sur ses lèvres. Elle n’était certes pas bien installer puisque son fessier se cognait contre le dos du cheval à chacun de ses mouvements, sa tête ballotait un peu de tous les côtés et elle avait du mal à garder ses mains fixées correctement sur l’encolure mais ce n’étaient que de simples détails à côté de ce que tout cela lui faisait ressentir. Non, c’était génial. Elle ne se souciait même plus de tomber, se laissant entièrement guider par l’équidé qui semblait savoir ce qu’il faisait, et qui devait s’amuser tout autant.

Rapidement, elle perdit la notion du temps. Ils traversèrent l’étendue de neige à toute vitesse. Elle n’aurait jamais imaginé qu’un cheval pouvait aller aussi vite, c’était impressionnant. Sa posture avait changé, elle avait trouvé un moyen de bouger en synchronisation avec l’animal afin d’éviter les précédentes secousses et ainsi elle se sentait beaucoup à l’aise. En fait, cela lui donnait l’impression que de ne faire qu’un avec sa monture, comme s’ils bougeaient à l’unisson. Son sourire ne l’avait pas quitté tandis qu’un peu plus loin Fang continuait de les observer sans avoir bougé, toujours d’une humeur plutôt maussade.

De retour près de Fang, Eyba et sa monture s’arrêtèrent, m’étant fin à leur petit parcours de vitesse. La jeune femme était un peu déçue mais comme on le disait souvent, toutes les bonnes choses ont une fin.

Comme pour le monter, l’animal se baissa de façon à faciliter la descente de la jeune cuisinière. Il était vraiment attentionné, à croire qu’il avait fait ça toute sa vie, à moins que ce soit inné chez lui. Ainsi, la jeune femme se laissa glisser pour enfin poser pieds à terre. La sensation de son poids dans la neige était assez étrange. Ces dernières minutes, elle avait eu l’impression d’avoir les pieds dans les nuages.

Elle se tourna vers l’étalon et lui offrit un sourire, ravie d’avoir passé ce moment avec lui.

« - Merci beaucoup pour la petite balade, c’était vraiment chouette ! Tu avais l’air plutôt à l’aise, c’est étonnant remarqua-t-elle sans vraiment s’attendre à une explication. »

Après tout elle ne pouvait pas vraiment en avoir, à moins que l’équidé soit doté de parole, chose qui ne pouvait pas être le cas. Mais après tout, elle vivait dans un monde remplit de choses mystérieuses alors ce ne serait pas très étrange de croiser un cheval qui parle. Enfin c’est ce qu’elle croyait… Peut-être qu’elle délirait un peu trop ?

Face à ses questions, Fang ne put s’empêcher de ricaner, ce qui donna un son assez étrange, comme un râle étouffé puisque c’était un loup, comme vous le savez. Ce qui lui faisait rire était également l’état des cheveux de son amie. Avec le vent, ils avaient été bien ébouriffés et cela ne ressemblait plus à sa coupe habituelle.

« - Hé, te moque pas toi répliqua Eyba en se tournant vers lui. Je sais que tu ne rigoles pas pour ça mais j’aurais bien voulu t’y voir, sur le dos d’un cheval.

- Avec mes griffes il vaudrait mieux éviter se contenta de répondre le loup noir en jetant un coup d’œil à l’animal. »

Evidemment, il ne voulait pas le blesser mais pourquoi pas lui foutre une petite trouille ? Cela pourrait être amusant. Malheureusement, Eyba le dissuada rapidement de mettre son plan qu’elle jugeait de dégueulasse, pour la citer mot pour mot, le tout accompagné d’un regard noir et de plusieurs insultes que lui seul pouvait entendre grâce au lien qui les unissait. Tant pis, il trouvera l’occasion de s’amuser sur autre chose.

Revenant à l’étalon, la jeune cuisinière glissa une nouvelle fois ses doigts sur son pelage lisse et brillant.

« - On a interrompu ton petit jeu dans la neige, peut-être voudrais-tu continuer ? A moins que tu veuilles que l’on te tienne compagnie. Et pourquoi pas faire une bataille de boule de neige !

- Ecoute, on sait tous que tu es une vrai pile électrique mais peut-être que ce vieux bourge à besoin de se reposer après la cavale que tu lui as fait subir. D'autant plus que tu es la seule a avoir deux mains répliqua son âme sœur, qui n’était pas vraiment enchanté de passer encore plus de temps avec l’animal.

- Excuse bidon, sois un peu franc pour changer répondit-elle en levant les yeux au ciel. En plus il n’est pas vieux ce cheval, tu racontes n’importe quoi. S’il doit partir ou qu’il veut rester seul, il nous le fera savoir, point ! »

Conversation terminée. Fang savait que c’était inutile de débattre avec elle pour ce genre de sujet. L’amusement primait sur toute la logique du monde, bien qu’au final elle n’oublie pas pour autant l’avis de l’étalon. Le loup priait simplement pour que celui qui le dépassait de quelques têtes décide de s’en arrêter là. Il ne savait pas vraiment si toute cette situation lui plaisait ou non.

Spoiler:

Alors qu’Eyba fixait Fang avec les sourcils froncés, signe qu’il commençait vraiment à l’embêter, l’équité s’approcha d’elle et forma lentement un cercle autour d’elle, sans même la quitter des yeux. Etonnée par son comportement, la jeune femme le suivit du regard, pas très sûre du comportement à adopter. Etrangement, elle arrivait à voir comme des au revoir dans ses yeux. Comme s’il essayait de lui dire qu’il devait partir. C’était vraiment étrange, cet animal semblait vraiment réussir à communiquer sans même ouvrir la bouche. Et, sans qu’elle n’ait pu réagir, l’étalon s’éloigna au galop avant de se fondre parmi les arbres qui les entouraient.

De nouveau les sourcils froncés, la jeune cuisinière se frotta le menton, pensive. Cette rencontre avait été des plus étonnantes et elle s’en retrouvait avec pas mal d’interrogations au sujet de ce cheval qu’elle jugeait différent des autres. Il était toutefois inutile de se torture l’esprit avec tout ça, elle n’allait certainement pas revoir l’animal de si tôt. Sauf par un énorme coup de chance, comme elle venait d’avoir aujourd’hui.

Haussant finalement les épaules, elle se retourna et entreprit de rejoindre la forêt par où elle était arrivée. Fang, qui était soulagé que la bête soit partie, la suivit docilement. D’une certaine façon, il comprenait les interrogations de son amie : lui aussi avait sentit quelque chose d’étrange émaner de l’animal. Chose dont il ignorait tout et en plus de ça, il avait le sentiment qu’il allait le revoir.

« - Comment veux-tu que ce soit possible ? Ce n’est même pas son habitat naturel ici remarqua Eyba qui continuait d’avancer.

- Je n’en sais rien, c’est une simple impression répondit le loup noir. »

Dont il ignorait tout, encore une fois. Mais il ne fallait jamais sous-estimer l’instinct d’un animal, familier ou non.

Spoiler: